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article : " Différence et diversité à l'école"

 

La différence, quand elle est trop marquée, difficilement accessible, peut être une difficulté dans le lien, mais ce n’est pas nécessairement la différence le problème.

 

Bien sûr nous pouvons choisir de renforcer l’information de tous à propos des différences et références qui nous constituent et des ponts historiques et contemporains qui nous connectent (cours sur les religions et l’athéisme, formation des enseignants aux cultures ethniques). Cela suppose une ignorance face à laquelle l’Ecole doit dispenser des savoirs.

Mais comme l’a nommé Gaston Bachelard « la connaissance s’élabore contre une connaissance antérieure », et disons même une idéologie antérieure parfois. L’Ecole peut donc transmettre ces connaissances qu’elle estime à juste titre louables.

 

Pour autant Bachelard précisait que « L'idée de partir de zéro pour fonder et accroître son bien ne peut venir que dans des cultures de simple juxtaposition où un fait connu est immédiatement une richesse ». Ne pas confronter les connaissances, convictions et idéologies présentes et transmettre « le bien » paraît insuffisant face aux besoins de notre époque. Ça ne permet pas de traiter la réalité. Ces connaissances seront classées et s’ancreront dans les visions idéologiques d’amour ou de haine des autres portés par chacun et resteront pour beaucoup dans des classeurs.

 

Tel que le nomme Charles Rojzman, le problème c’est quand cet autre différent nous fait peur ou/et se fait méprisant, hostile, exclusif, discréditant, agressant et qu’il nous pousse dans nos retranchements et mobilise nos violences.

 

Il est clair que les violences nourrissent les idées et conduites de rejet, d’exclusion, de racisme, de haine entre jeunes, entre jeunes et professionnels, entre professionnels. Oui ces idées et conduites s’avèrent mortelles pour le « vivre et travailler ensemble » dans l’Ecole.

Et ça ne se voit pas forcément tout de suite si elles sont exprimées dans un environnement qui valorise la tolérance, le savoir, la bienséance, la discussion consensuelle et qui palie aux effets de ces idées par de multiples  « béquilles » institutionnelles. On peut dans ce cas avoir le sentiment qu’il ne se passe rien de grave et que nous pourrons vivre longtemps ainsi.

 

La tolérance, le respect de la différence, la diversité comme une richesse, s’avèrent elles aussi des idées mortelles si elles ne sont pas ancrées dans les conduites de tous et donc suffisamment confrontées à la réalité. Elles peuvent étouffer les uns dans leurs peurs, leurs réactions à ce qui leur fait violence de la part d’autres, et elles peuvent « rendre fous » ces autres, croyant que tout est permis, au nom de leur différence !

 

 « La diversité est une richesse » ne peut être un pré-requis au vivre et travailler ensemble, sinon à faire taire une fois de plus ce qui nous divise, nous gêne et nous fâche. Et que nous retrouverons malgré nous sur notre chemin commun. Ce beau principe pourrait être tout au plus un des effets perçus d’un véritable vivre ensemble construit par l’Ecole, dans l’Ecole, avec l’Ecole.

C’est donc l’expérience d’une démocratie exercée, engagée, avec tous, vivante, conflictuelle, que nous avons à renforcer ici.

 

Apprendre les cultures ou apprendre la diversité et le multiple, apprendre la citoyenneté, peuvent être un bien, comme des connaissances supplémentaires, un plus, mais c’est bien un travail de mise en liens, de dialogue, de confrontation, de conscience de soi et des autres qui constitue l’essentiel pour tenir et renforcer notre bien commun qu’est l’Ecole.

 

 

Jérome Voisin, intervenant en Thérapie Sociale TST

 

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